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Visite de la ministre Martinez Ferrada au C2T3 affilié au Cégep de Trois-RivièresLa pédagogie de la joie
Titulaire d’un doctorat en sciences de l’éducation de l’Université Paris Nanterre et chercheur associé à cette même université, Denis Cristol occupe le poste de directeur Innovation et pédagogie à l’Association pour le Progrès du Management. Créée en 1987, l’Apm est une école de questionnement des dirigeants francophones qui est présente partout dans le monde. Il s’intéresse plus particulièrement à la pédagogie de la joie. Une pédagogie bonbon pour les étudiants de niveau postsecondaire!!
« La pédagogie de la joie fait de la place à l’imagination, à l’accueil des émergences, à la possibilité d’habiter et d’occuper le monde et de le faire en toute liberté et en toute plénitude, mentionne-t-il. Je l’oppose à une pédagogie pour laquelle tout est contrôlé à l’avance. Les programmes sont connus, alors que les salles, les lieux, les heures, les contenus et les objectifs pédagogiques nous rendent passifs. Donc une pédagogie de la joie, c’est une pédagogie qui nous invite à être en mouvement. Elle nous donne envie de découvrir avec les autres des choses qui vont nous surprendre. On va se surprendre soi-même et on va surprendre les autres. Il va y avoir du plaisir,de la découverte… »
« Un enseignant qui adopte la pédagogie de la joie, poursuit M. Cristol, demeure non seulement attentif au micro-événement qui vient de se produire, mais il va réagir. Il est à l’écoute du réel, de l’énergie, de la vibration, de ce qui se produit. De sa réplique, naîtra une cohérence plus forte entre l’objet d’apprentissage, le groupe et l’énergie présente. Et c’est là où cela devient joyeux! Quand on se met en mouvement, on agit ensemble, on crée ensemble. Il y a une stimulation forte qui se met en place. Les membres du groupe ressentent le plaisir de vivre des moments qui sont agréables, non décidés par d’autres et qui sont co-construits dans l’instant. Chaque membre du groupe a alors l’impression de ressentir sa vie, de la vivre véritablement. »
Une pédagogie qui convient aux étudiants de niveau postsecondaire
« Les étudiantes et lesétudiants de niveau postsecondaire possèdent une force de vie qui est juste incroyable. L’intelligence collective, précise-t-il, c’est quand tu fais des choses ensemble, que tu ressens une succession d’activités qui s’enchaînent harmonieusement et que cela produit un frisson quelque part. Puis, il y a ce Wow lorsqu’on réalise que c’est chouette ce qu’on vient de faire ensemble dans le plaisir, ces rires… La ludopédagogie vient à la rescousse! On peut alors utiliser des façons de trouver des ressources insoupçonnées, des émotions qu’on pensait pas possibles à l’intérieur de soi. La pédagogie de la joie part avec un peu de liberté, de bonbons, de créativité. Là où cela devient sympathique, c’est lorsqu’on se rend compte qu’on a développé un sentiment d’efficacité collectif tout en s’amusant. »
« Lorsque l’étudiante ou l’étudiant se retrouve dans une pédagogie où elle ou il va être classé et jugé parce qu’il faut tout contrôler, tout maîtriser, elle ou il se crée des inhibitions et cette peur du jugement. Quand elle ou il se retrouve dans une pédagogie où elle ou il ne sait pas exactement ce qui va se passer, où il y a des surprises, où tout le monde est à égalité, il se crée plutôt une incitation à l’exploration et à la curiosité. Dans une classe plus libre, l’enseignante ou l’enseignant devient une personne ressource au service d’une équipe ou d’un projet. Et quand elle ou il réussit à construire cette relation personne ressource – équipe – projet, une autre dynamique, portée par le groupe, prend place. C’est ce que j’appelle de l’autocueillette. Ils apprennent quelque chose les uns avec les autres, les uns pour les autres. Cette idée d’apprendre pour soi est cassée. Ce n’est pas de faire des exercices qui est amusant ou drôle. C’est plutôt cette situation d’apprendre à apprendre ensemble. »
Des ressources
Pour explorer davantage le sujet, Denis Cristol suggère entre autres les travaux de Francisco Varela sur la cognition incarnée et de John Dewey sur les projets d’Augustin Berque.
Cécile Joly et Denis Cristol ont aussi écrit L’art de la facilitation. Levier indispensable pour utiliser l’intelligence collective du groupe, la facilitation repose sur le fait de rendre chacun acteur du changement. L’art du facilitateur consiste à savoir redonner la parole à chacun, pour renforcer l’engagement individuel et collectif.
La pédagogie de la joie : assurément pour le plaisir d’apprendre ensemble!